Valeureuse instruction
Il n’est ni lieu, ni place, en toute cette Terre,
Sauf au cœur des forêts fourmillant de dangers
Où les hommes vont nus, hantés par le mystère,
Creuser quelque vieux tronc pour trouver à ronger,
Sauf au sein des déserts les plus mornes et vastes
Que la glace, le feu, les venins dévastent,
Où, sur notre chemin, lire, écrire, compter,
Ne s’imposent à nous tels d’équivoques glaives,
Prêts à nous tourmenter de frontières sans trêve
Ou nous donner les clés de plus de liberté.
Cette enfant le sait bien, reléguée par l’histoire
Dans son petit hameau isolé dans les champs,
Qui, dès avant l’aurore, en quête de victoire,
Chaque jour est levée et fredonne un vieux chant
Dont on usait jadis pour donner du courage
Aux messagers ailés qui partaient du village :
C’est son tour aujourd’hui de courir sans répit,
Stoïque et courageuse : elle a choisi l’école !
Elle vaincra la plaine en émule d’Eole,
Franchira plusieurs monts, sans cueillir un épi !
Oh, loin ! loin de ces croix d’une vie ordinaire,
Loin de ces vieux champs menacés par les vents,
Loin de la case étroite et des dieux millénaires,
Là-bas, vers où s’en vont ses vœux les plus fervents,
Là-bas où l’on apprend, là-bas où l’on enseigne,
C’est là-bas qu’elle court malgré son pied qui saigne !
Où s’ouvre l’horizon sous le profond éclair
Du génie et celui du savant fier et probe,
Où l’on boit l’éternel en contemplant un globe,
Où sur un tableau noir éveillent les traits clairs !
Quand elle reviendra le soir parmi les siens,
Front perlé de sueur, une neuve d’assurance
Brillera dans ses yeux près des flambeaux anciens,
Et l’heure sonnera les fières réjouissances
Du savoir au-delà des confins coutumiers ;
Au jardin de Mémoire, ainsi qu’on doit prier,
Chacun célèbrera l’avancée de lumière
Que l’audace et l’amour, le courage et l’esprit,
Ont conquis en dépit du vaniteux mépris,
Sur le terrain jadis ployant sous la jachère.
lundi 3 février 2014
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