La chair du désespoir
Les maux les plus puissants ne sont pas ceux du corps.
La perte d’un enfant, dans le cœur d’une mère,
Verse un poison de nuit dont la furie amère
Parfois creuse sa tombe ; il fléchit les plus forts.
Notre âme est le pivot de toute maladie.
Otez lui sa lumière, ôtez lui son amour,
A jamais la voilà sous l’aile d’un vautour,
Avide de charogne, et braise d’incendie ;
Ni jeunesse ni temps, offerts en dons, jamais
Ne ressusciteront en elle l’espérance ;
La mort prompte et sans cris est son unique chance,
Le seul recours salubre au venin désormais ;
Et lorsque l’on se bat pour prolonger la vie
Du moindre amas de chair, pour peu qu’il soit humain,
Si poussière qu’il soit, si sordide et si nain,
C’est l’Homme qu’on corrompt d’une manière obvie :
C’est la fierté du frère et celle de l’ami,
La grandeur du départ et le pain de l’enfance,
C’est le ciel de l’oiseau, le rire de la danse,
Pour qui l’on sonne alors la Saint Barthélémy !
vendredi 22 avril 2016
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