Pour Elle
Que tu es belle, ô femme, âme vaillante et douce
Revenue de l’orage au sein de ton foyer.
Sous ton front grave et pur, ton cœur est éveillé,
Malgré les dents du jour, et cette lune rousse
Que gravèrent les maux dans ton âme à jamais :
Astre en sang qui murmure aux cieux roses le vrai !
Le soir tombe, et je vois dans tes yeux la sagesse
D’une flamme fidèle à ta grande beauté
Ravir aux sombres nuits leur froide royauté
Dans le feu d’un salon rougeoyant de tendresse.
Loin de ces damnés qui dévorent l’instant
Et n’ont plus d’idéal au-delà de la cendre
Que leurs brèves chaleurs d’animaux inconstants
Eparpillent aux vents sans pouvoir s’en défendre,
Aux miroirs du jardin de ton rêve d’amour
Tu cueilles le rayon des invincibles jours,
Et pares le tombeau d’une mélancolie
Si touchante et si pure, aux accents si profonds,
Qu’en toi tout me soumet, me damne et me confond,
Ô sourire divin maître de ma folie !
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