Césarion d'Alexandrie

Césarion d'Alexandrie

Graal tragique de l'inverti

 

Il vit avec ce cœur toujours désaccordé,

Cet étrange désir infertile du même,

Ce rare amour fatal au goût de chrysanthème

Qui le charme et le ronge, et qui l’a débordé

 

Le jour où dans les yeux d’un de ses camarades

Il vit luire l’éclair de son rêve enfoui,

Puis leurs mains se serrer, son esprit ébloui

Par le crime vengeur des plaisirs en cascades.

 

La passion dès lors dans son âme souffla

Tel un fol ouragan dans le creux d’une voile,

Amarrant sa boussole aux rives d’une étoile

Qu’un ciel brun de malheurs trop longtemps exila :

 

Elle l’emporta loin de ces terres charnelles

Que le glaive conquit au profit du futur,

Loin de la prose utile et de son dogme sûr -

Vers un ailleurs de rose aux formes surréelles,

 

Où jamais la terreur vaine de l’inconnu,

Jamais le gras tyran se roulant dans le nombre,

N’ont un jour su porter sur quiconque leur ombre,

Ni flétrir les coussins où l’homme s’aime nu,

 

Où l’on joue et l’on rit tandis qu’on se caresse,

Où l’on goûte du luxe angélique et gratuit

Le Sacre du Divin aux confins de la nuit -

- Mais où rien n’est facile où le devoir se dresse :

 

Quand l’innocent calcul du tendre sentiment,

Son projet d’Au-delà, de ronds de valeur nulle

Se résorbe en la chair ainsi que dans sa bulle

Et n’offre de salut qu’en un pur firmament !

 

- Ou bien, quoi ? Travestir la croix bizarre en chance ?

Voire en un sort égal ? Voire en un sort meilleur ?

Tout trahir et souiller de faiblesse et d’erreur

Et briser le miroir de la libre espérance ?

 

L’expérience et l’âge, en son plus profond for,

Révélèrent l’envers de sa rare médaille :

Le désert qui se creuse où se creuse la faille

Et que seul peut combler le sublime de l’or.

 

 

 

dimanche 1er février 2015

 



01/02/2015
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