Césarion d'Alexandrie

Césarion d'Alexandrie

Préfaces


Préface de "Sous la main de l'hiver"

SOUS LA MAIN DE L'HIVER 

 

 

Voici l’ouvrage d’un esprit pour qui la question de la vérité s’est faite, pendant plus d’un an,  de jour en jour, toujours plus cruciale et obsédante, au point qu’il en est venu à risquer sa poésie de manière parfois téméraire et qu’il n’a pu lui permettre de traverser les fonds les plus glacés des révélations sans le secours, quelquefois, mais somme toute point trop souvent, de la philosophie. Non, bien sûr, suivant la forme abstraite, froide, conceptuelle, qu’elle revêt dans son discours doctrinal naturel, cette forme d’une sécheresse et d’une technicité telles que les muses chères au poètes ne peuvent que s’en effaroucher au point de s’enfuir à toutes jambes, mais selon celle du brûlant silence qui est le sien après l’énoncé simple et grave de quelque profonde et âpre vérité. Au fond, s’est exercé sur lui, presque entièrement à son insu, une véritable fascination pour l’authentique  « ravissement philosophique » : son esprit cédait, sans pouvoir rien y faire, sous la poussée de ce que l’on appelle parfois le « pessimisme tragique », ce pessimisme au fond que seul un esprit heureux, courageux, débordant de forces, plein d’alacrité (oui, j’étais très en forme, à l’époque…) peut assumer sans déroger à l’honneur, sans souiller lorsqu’il détruit, et qui court au devant de toute vérité, pour aussi terrible, grande, profonde et dérangeante, voire mortelle, qu’elle soit, et cela, comme il va de soi ? rien que pour se mettre à l’épreuve…

 On le devine peut-être : celui qui écrit ces mots aujourd’hui est devenu bien davantage poète qu’il ne le fut à l’époque où il rédigea ces vers, époque où jamais pourtant, comme on pourra le voir, il n’a failli à sa mission d’aède. Davantage poète, oui, car depuis,  son goût du bonheur s’est fait plus humain, plus généreusement humain, plus encourageant pour tout un chacun, quel qu’il soit, du plus humble au plus glorieux, et il n’est plus voué avec autant de prédilection qu’il le fut à ces casse-cou de l’esprit que sont tous ceux qu’animent la passion philosophique. Une espèce fort rare, à vrai dire… Cela dit, qui pourrait lui reprocher d’être venu, ainsi qu’il le fait tout au long de ce recueil,  au secours de races si menacées que peuvent l’être le loup blanc solitaire ou l’ours des banquises ? N’y manque pas même, comme c’est la loi de tout hiver à jamais gravé dans le souvenir, l’irruption soudaine et ravissante du soleil des jours les plus tendres et les plus radieux… Qui pourrait vivre sans ? Mais, assez bavardé : l’ « hiver de glace », le rude hiver, un souffle de mort peut-être parmi les plus heureux qui se répandit jamais parmi nous, vous attend, impatient, au seuil de ces lieux. Vous n’êtes plus qu’à un pas…

 

 

Hossegor, le jeudi 1er janvier 2015,

Césarion d’Alexandrie.

 


14/01/2015
0 Poster un commentaire

Préface de "Ronde d'horizons"

 

 

Le titre le suggère avec assez d’évidence : ici, tout au long de ces pages, nul autre fil conducteur que celui d’un désir d’explorer une multitude de lointains, de s’arracher aux perspectives  tracées par une pensée limitée aux seuls soucis d’un quotidien sans ampleur, à ceux d’une actualité formatée, envahissante, consensuelle, à ceux des injonctions partisanes, souvent violentes, des idéologies dominantes, quelles qu’elles soient, et notamment à celles de l’esthétique de la poésie moderne et contemporaine, pour autant qu’elle fasse la part trop belle, et à trop peu de frais, au reniement de toute règle de musicalité, de toute idée directrice, de toute profonde humanité dans l’expression, en un mot, de tout art digne de ce nom, au sein du poème.

« Ronde d’horizons » : cela suggère aussi qu’on ne trouvera dans ces pages aucun parti pris « pour » ou « contre » la vie, qu’optimisme ou pessimisme, aux yeux de l’auteur, sont loin d’aller de soi, et qu’il veut rendre justice ici, à travers ses poèmes, autant à ce qui fait  l’essence tragique de l’existence, parfois dramatique, que sa félicité – soit pour présenter le mal sous un jour qui aide à puiser en soi les forces de le dépasser, soit pour faire en sorte qu’on chérisse avec toujours plus de soins et de dévouement ce qui fait la joie d’une âme vaillante et sincère. Y sera-t-il parvenu ? - C’est ce que  m’enlèveront certains - ou pas...

 

Hossegor, le mardi 6 janvier 2015,

Césarion d’Alexandrie.


14/01/2015
0 Poster un commentaire