Profession de foi
Maintenant que je sais que seuls l’ivre folie
Et le vain désespoir ont inspiré mon cœur,
Me firent leur pantin, que je pèse l’erreur,
La honte de mes choix, plein de mélancolie,
Moi qui crus, dans les bras des femmes et du vin,
Trouver le vrai salut, la seule digne ivresse,
Et n’eus pour d’autre foi que le mot qui rabaisse,
Le seul mépris cinglant et le fond du ravin,
Maintenant que je sais qu’exulter est la Cime
Et non point le Chemin, non le sillon pieux
De lumière et d’amour dont s’enchantent les Cieux,
Tel d’un pont que l’on jette au-dessus de l’abîme,
Ô Poésie, ô Reine, à nouveau, me voilà,
Pénitent et soumis, à tes pieds, à ta porte,
Comme une âme au-devant de ce qui seul importe :
Toi, dont l’heureux sourire est l’unique Au-delà,
Toi, dont je tiens la vie et qui de droit me Juge,
Moi qui, sans toi, ne suis plus qu’un spectre maudit,
Un long passé d’errance, un futur interdit,
Qui de l’Ombre devient l’innommable transfuge,
Toi, dont les purs miroirs et l’infrangible loi
Seuls m’offrent l’autel du libre sacrifice,
De l’entier don du cœur, seuls humilient mon vice,
Eduquent mon esprit, et nourrissent ma foi !
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