Césarion d'Alexandrie

Césarion d'Alexandrie

Misère de l'Aigle

 

 

 

Sous un ciel rare et gris, la neige s’abattait,

Rapide, en rangs serrés, violente, et fouettait

Montures et soldats, tel un cocher sans âme

Avide de souffrance, et de peur, et de drame.

Pour la première fois, sous un refus cinglant,

L’Aigle se retirait, défait, meurtri, sanglant,

Les ailes en proie à la colère du monde,

Dont le grand hiver russe, en sa rude faconde,

S’était fait le héraut puissant et mystérieux.

Napoléon marchait, sombre, et baissait les yeux ;

Au fond du gouffre, encore, il soupesait ses chances ;

Il comptait sans faillir, morts, vitesse, distances ;

Et tous lui répondaient, bien qu’il fût un géant,

En le persécutant des foudres du néant.

Rien ne pouvait masquer désormais la débâcle :

On fuyait ! Et l’horreur se donnait en spectacle ;

La fatigue et la faim torturaient tous les corps

Mais bien moins que le froid, dont tremblaient les plus forts :

Une halte soudaine, une chute banale,

Et l’on se pétrifiait, glacé jusqu’à la moelle

Dans le temps d’un soupir, sans espoir de retour,

Sous l’œil d’hommes marqués du signe du Vautour.

Toute chair était bonne à manger dans la plaine ;

Tout valait qui pouvait faire reprendre haleine;

Et dans l’esprit du Chef l’Espoir se dessina

Quand apparut le pont de la Bérézina.

 

 

 

 

vendredi 19 décembre 2014

 

 

 



19/12/2014
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