Misère du plus doré
Son argent lui vaut seul les honneurs, les sourires,
Qui fleurissent le sol sur lequel vont ses pas ;
Mais nul depuis longtemps ne l’a vu vraiment rire,
Même au point culminant du plus gai des repas.
Où qu’il aille, toujours, au fond de sa poitrine
Un relent d’amertume, ainsi qu’un vieux poignard
Planté là, plein de rouille et de haine assassine,
L’exile de l’azur comme un triste bagnard.
Nul ne le sait. Chacun le croit fort comme un chêne ;
Chacun même l’envie à le voir si confiant,
Si puissant, de tant d’or tenir si bien les rênes,
Figurer du succès miroir si édifiant.
Lui seul sait sur quel fond de sordide défaite
S’assied tout son triomphe, oh, son fier capital !
Tout le poids de ce glaive au-dessus de sa tête
Que brandit le Rapace en despote fatal,
La dureté d’airain du rempart invisible
Qu’élève autour de lui le tranchant de ce fer,
Qui fait languir l’amour comme un rêve impossible
Dans le reflet de l’eau des bords de son désert.
Rien ne le prive, hélas, de ces rayons lucides
Qui lui peignent la croix que partout il étend
Comme un pavillon d’ombre, ainsi qu’un déicide,
Sur les champs lumineux de l’aède chantant !
Rien ne peut lui masquer sa présence à la cime
Des vallées de Misère, où l’homme se débat
Ainsi qu’un pauvre esclave au milieu de l’abîme,
Egaré par l’appel de cent mille combats.
Il entend la prière autant que la menace
S’élever de la tourbe à l’assaut de sa tour ;
Mais nulle ne l’émeut ; d’un seul geste il les chasse :
Il sait qu’il n’a de pairs que parmi des vautours.
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