Césarion d'Alexandrie

Césarion d'Alexandrie

Enfer requin



 

Le sol est recouvert d’ossements, de débris.

D’infâmes araignées, de sordides couleuvres,

Rampent en salivant sur des restes de pieuvre

Et de corps mutilés. En surface, les cris

Des pêcheurs dépeçant les ailerons des squales

Avertissent la troupe immonde du festin.

Des myriades de vers, au cœur de cette eau sale

Fourmillent en nuées porteuses de destin.

 

J’ai vu l’homme affamé se livrer au massacre

De l’innocent requin, je l’ai vu, résigné,

Suer sur l’océan,  dans le sang, les feux âcres

Des peines et des peurs pour remplir son panier :

J’ai vu l’homme réduit au plus vil esclavage

Par des hommes plus vils encor, riches et fiers,

Détruire notre terre avec des cris de rage,

Et nourrir l’ambition d’un peuple à la cuiller.

 

Et j’ai frémi d’horreur, voyant la pauvre bête

A la mer rejetée, qui se vrillait en vain,

Blessée, sans gouvernail, vers le fond des ravins

Comme un triste déchet de peau grise et d’arêtes :

Il allait dans la fosse où le charnier grouillant

De ses frères meurtris s’étendait en silence

Et peuplait de poisons l’avenir balbutiant

De la Terre muée en Enfer de violence !

 



14/01/2015
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