L'odyssée d'un Parisien, 2ème partie
L’ambition folle des sommets
Là commençait enfin la fameuse aventure ;
Sous mon œil défilaient les décors du passé :
Lieux tendres dont pourtant je me sentais lassé
Et heureux d’échapper, comme d’une torture.
Les mas charmants aux murs de laine, aux toits cuivrés,
Les modestes clochers et leurs petits villages,
La campagne alanguie aux allures si sages,
Tout mourrait vaincu sous mes songes enivrés.
Quand, bientôt, tandis que dans une brume grise
L’univers foisonnant de la grande cité
Surgissait aux lointains dans son immensité,
Je crus enfin toucher à la Terre Promise,
Aborder les remparts d’un ultime sommet,
Tel un conquérant des plus hauts toits du monde
Qu’emprisonna longtemps la plaine vagabonde,
Aux vœux duquel enfin la chance se soumet !
Je me sentais un cœur à briser tout obstacle :
Etudes, logement, travail, amours, société,
Rien ne m’entraverait, ni rage, ni piété,
Sur mon front se lisaient ces mots comme un oracle.
En dix ans d’une course et d’efforts acharnés,
Malgré les coups reçus, malgré plus d’un déboire,
Je crus enfin pouvoir célébrer ma victoire :
Digne épouse, et nanti, deux enfants m’étaient nés.
On me traitait partout sur un pied de respect ;
Nulle place à Paris qui me fermât sa porte ;
J’étais au vent de tout ce qui là-bas importe
Et savourais des lieux le plus suave aspect.
N’était-il temps pour moi de vivre enfin en maître ?
De me vouer aux miens, de cesser de courir,
D’accomplir mon travail sans rêve d’y grandir ?
Je le crus. - Comme alors le Monstre se fit traître !
Comme il se fit rongeur et montra sous ses ors
L’ambitieux tyran exerçant son chantage,
La main dure et cruelle, aveugle et sans partage,
De laquelle il amasse en tout temps ses trésors !
dimanche 4 octobre 2015
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