Césarion d'Alexandrie

Césarion d'Alexandrie

L'odyssée d'un Parisien, 4ème partie

 

La question du mal en suspens

 

 

A quel point d’abandon, d’égoïsme, de glace,

De cynisme morbide ou de troubles nerveux,

De vil retranchement, de silence odieux,

De sentiments contraints, de ladre orgueil de classe,

 

Nous aurait entraînés le système infernal :

A quel point de misère et de grossier mensonge,

Sous l’habit du vainqueur - dehors où l’on éponge,

Là-bas, l’ombre et le vice, ainsi qu’en l’Idéal ?

 

Si j’avais reculé devant les moqueries,

L’essaim de traits badins, affables ou sans cœur,

Dont je fus assailli tel un chétif rêveur

Quand je parlai de mer, de bois et de prairies,

 

De Retour au Pays, de chauds et puissants liens,

D’une vie à l’écart des feux de la fournaise,

D’un bonheur bucolique, et de soirs à la braise

D’un feu de cheminée aux doux côtés des miens,

 

Si je m’étais ému de l’ardeur conseillère

De ces supérieurs pleins de condescendance

Qui me vouaient un temps à prendre un peu d’absence,

Instars de tant d’  « amis », en m’attachant l’œillère,

 

Si j’avais redouté, bien encor par-delà,

Les craintes de ma femme, aimante et dans le doute,

Et qui parfois la nuit peuplait d’ombres la route,

Au point qu’un jour son cœur d’abandon me parla ?

 

Mais j’avais trop bien su la triste destinée

D’un foyer à Paris, sous quels feux dévorants

S’y consumait l’enfance et l’amour des parents,

Par quel astre de mort la nue était minée ;

 

Et les épouvantails qu’on dressa devant moi,

Ceux d’un monde borné peuplé d’âmes incultes,

D’un pays arriérés, plein d’usages occultes,

Où, malgré tout, l’ennui, tel le fer de la loi,

 

Sévissait - où chômage, oubli, fâcheux commerces

M’attendaient, de pied ferme, avides de mon sang,

Tels autant de démons prêts à ronger mon flanc

Puis à me jeter nu sous les folles averses,

 

Tout ce honteux décri, témoin du vain orgueil,

Des peurs, de la bêtise, et de la triste tare

De ses artisans, mieux que le vin le plus rare

Me permit à jamais de sceller le grand deuil.

 

 



07/10/2015
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